vendredi 29 mai 2015

Bolivie - Cochabamba, La Paz et la civilisation de Tiwanaku

Plus facile d'en entrer que d'en sortir.
Après avoir passé plusieurs jours au milieu de la nature du parc Amboro et retrouvé BenKa de son expédition à moto très périlleuse (qui lui restera bien gravée dans sa mémoire, ainsi que dans celle de Sarah). Nous décidâmes de partir tous ensemble pour Cochabamba.


Et comme il n'y a pas de terminal de bus, il fallu un petit peu batailler pour avoir les bonnes informations, demander plusieurs fois à plusieurs personnes différentes pour avoir un semblant d'instruction.
On nous informe qu'aucun bus pour Cochabamba passent à Samaipata et que notre seule possibilité de s'y rendre et d'aller dans la ville voisine de Mairana éloignée de 15km pour prendre l'unique bus qui par tôt le matin, à 8h...

C'est comme cela que nous partons le lendemain avec notre petit groupe. La "famillia Zorro-Flamingo"!
Départ de Samaipata
Le réveil est dur et il pique les yeux! Nous nous retrouvons tous au croisement d'une rue, le soleil n'est pas encore levé, il doit être autour de 6h du matin. Laura, Nadège, Pierre, Sarah, BenKa et moi sommes tous dans le brouillard! Le plan est de sortir de la ville et de prendre un "taxi collectif". Un sorte de taxi que tu prends avec d'autres personnes, dans le but de rentabiliser au maximum le coût du trajet. 
Sympa mais ce n'est qu'au bout d'un bon 20 minutes que nos efforts sont récompensés en convaincant un chauffeur de nous y accompagner. BenKa et moi sommes collés dans le coffre du break, les sacs ne nous empêchant aucuns mouvements! Mais on y est!

C'est la loi du taxi collectif, on ne sait jamais quand on va partir et combien on va payer!
C'est une lutte de tous moments où il faut négocier subtilement, montrer que l'on ne cédera pas aux prix exorbitants que pourrait laisser imaginer nos "faces blanches", tout en gardant toujours son calme, sa bonne humeur et une blague de côté! Une bataille déjà perdu d'avance à celui qui ne comprend pas les pas de ce "ballet culturel"...

Dans le bus direction Cochabamba
Entassés comme jamais dans le taxi collectif, nous sommes finalement arrivés à Mairana. Où il fallu de nouveau batailler subtilement pour obtenir notre sésame et pouvoir prendre cette fois-ci le bus de 8h du matin. Que de galères et ce n'était pas fini. Ce fameux bus allait nous amener pendant 14h sur les 350km de routes vers la ville de Cochabamba.
350km en 14h cela représente du 25km/h de moyenne!

Un trajet long, très long avec une route faite de sable et de terre, longeant les vallées, serpentant sur les sommets, dans une chaleur chaude et moite à un instant et à un autre froide et humide! 

Un de mes meilleurs trajets en bus de mon voyage si ce n'est de ma vie!

En la ruta en direccion de Cochabamba
Si si c'est vrai! Nous avons longés les parc nationaux d'Amboro et de Carrasco. Assis un moment sur un siège, un autre dans la rangée centrale car ayant offert ma place à une vieille dame qui n'en trouvait pas (bus sur bondé, typique en Bolivie car rare et faisant office de liaison entre les petites villes)
J'ai vu une nature extraordinaire et complètement changeante, passant d'une vallée à une autre d'un sommet à un autre. Des forêts humides avec des fougères géantes, aux vallées semi-arides, d'un sommet complétement pris dans le brouillard épais et humide aux sommets secs avec un ciel bleu si pur et cette vue si lointaine!

Malgré et peut être grâce à l'état de la route, j'ai pu apercevoir une flore foisonnante de vie et variée!

En la ruta en direccion de Cochabamba
La route vers Cochabamba a plus attiré mon regard que le point d'arrivée. La beauté venait du voyage et non pas de la destination...
Plaza 14 de Septiembre - Cochabamba
Un air agricole, une ville grouillante de vie et une position géographique particulière en Bolivie. La ville de Cochabamba se trouve au beau milieu d'une vallée fertile, ce n'est pas la "Uyuni des déserts de sel", ni la "Potosi des hauts plateaux andins", ni la "Rurrenabaque de l'Amazonie" (dans un prochain article ;-) ). 

La place principale de style coloniale, la cathédrale Diocésaine, quelques thermes dans les flancs de montagnes et le "Christ Rédempteur Bolivien". 
"El Cristo de la Concordia" est le même que celui du Corcovado à Rio, mais il est plus grand, de 6m le rendant le plus haut des Amériques.  
Un "pied de nez" aux brésiliens et surtout une preuve que le catholicisme est bien encré et perdure ici en Bolivie et Amérique Latine.
Plaza 14 de Septiembre - Cochabamba

Nous nous attardons pas et notre petit groupe après une bonne nuit de sommeil reprend la route le lendemain vers la capitale!!! La deuxième du pays! 

J'ouvre les yeux et je sens que l'on arrive, cela s'agite dans le bus et je pense c'est cela qui m'a réveillé. Je regarde autour de moi, tout le monde est déjà réveillé. 7h du matin, le bus de nuit parti à 23h de Cochabamba est enfin arrivé à La Paz. La nuit fut dure, froide et inconfortable. 240 km de route pour 8h de bus, on reste dans la moyenne...
Plaza Murillo - La Paz
Notre petite bande sort du bus et récupère ses affaires, mais j'ai pas l'impression que l'on soit au bon endroit. La fatigue et l'altitude de 4 000m n'aidant pas, je sens qu'on est pas à la bonne place qu'elle que devrait être la place...
Confirmation d'un passant, on est bien à La Paz mais au "terminal alto", le terminal principal se trouve plus bas, dans la vallée, proche du centre ville. Le petit moment d'incertitude passé on saute dans un mini bus direction le centre ville! 

Villecresnes y las palomas en la Plaza Murillo - La Paz
On descend progressivement dans la vallée, c'est tout simplement magnifique! La Paz se trouve dans le creux d'une vallée et sur les flancs de la cordillère! Le jour se lève à peine et on découvre cette ville tel une pieuvre qui s’étend de toutes parts dans toutes les directions! Comme des tentacules géants imposant leur loi, rien ne semble arrêter la ville et son horizon.

Tout autour des montagnes de plus de 6 000 m surplombe la ville! Nous plongeons dans la bouche de la pieuvre.

Que hacen??? Locos Extranjeros!!! Plaza Murillo - La Paz
Bruyante et immense, la ville de La Paz ne ressemble plus à la petite colonie qui prospérait grâce au commerce en 1548. Mais ce qui n'a pas changé c'est l'altitude. Le centre ville de La Paz culmine à 3 600 m d'altitude alors que ses faubourgs, comme celui d'El Alto où nous sommes arrivés à 4 000m. Ce qui en fait la capitale la plus haute du monde.

La ville au climat plutôt froid à toujours été marquée par l'histoire de la Bolivie. Comme "el grito libertador" en 1809 ou la révolution nationale en 1952. Et c'est pour cette raison qu'elle est devenue dès 1898 le siège du gouvernement. C'est un des rares exemples dans le monde où un pays se partage entre 2 capitales. La Paz étant la capitale administrative et Sucre la capitale constitutionnelle.

Calle Linares - La Paz
Au cours de notre voyage pas mal de personnes nous disaient pas vraiment de bonnes choses de cette ville, austère, des bruits de klaxons tout le temps, une ville qui ne dort jamais, où il fait très très froid surtout la nuit et surtout où il n'y a rien à voir ni visiter. Et tout cela est bien vrai!

La plupart du temps les avis ne se trompent pas mais cela ne nous empêche jamais d'aller vérifier par nous-même. Ici à La Paz tout ce qui est dit est vrai, mais il s'y passe aussi beaucoup d'autres choses. Par moment on quitte ce vacarme assommant pour arriver dans une petite rue passante, calme et on oublie tout. Ces petits rues se trouvent proche du centre ville historique dans le quartier Rosario.
Plaza Murillo - La Paz
Des rues pavées où seules les piétons transitent, des bâtisses coloniales décorées de vives couleurs, des artisans, des petits marchés, vendeurs de "charango", toutes petites guitares faite avec la carapace d'un tatou, vendeurs de "dulces" (sucreries) et autres artisans vendeurs de vêtements colorés. 

Et dans tout cela on tombe aussi sur des bébés ou foetus de vicuña séchés. Horrible pour nous touriste, mais il faut savoir que dans les traditions locales, la vigogne est un animal sacré et il est de coutume d'enterrer dans sa maison les cendres de l'animal brulé pour apporter protection à la famille.

Il y a énormément de chose à faire comme visiter les musées. Celui qui a retenu mon attention c'est celui de la "Coca". Cette plante vénérée des uns et diabolisée des autres. Pour mieux comprendre ce que représente la feuille de coca, Pierre et moi sommes partis visiter le "Museo de la Coca"!
Allez c'est parti et les clichés tombent!!

Museo de la Coca - La Paz
On entre dans ce petit musée, pas plus grand qu'un terrain de volley-ball et l'on se voit offrir différents type de feuilles de coca à "mâcher".  Une entrée en matière assez intense.

On apprend et on comprend au fur et à mesure de la visite que la feuille de coca n'est pas de la cocaïne. Oui elle en contient mais à des doses extrêmement infimes. L'amalgame fut trop vite fait depuis la conquête espagnols et on satanisait une tradition millénaire.








Planta de Coca - Wikipedia.es
Sa découverte remonte à l'origine des civilisations andines et elle est considérée comme élément symbolique propre de leur culture.
Nous découvrons son histoire à travers les traditions andines, les nombreuses interdictions des institutions religieuses. A l'époque de l'évangélisation, elles voyaient un moyen de perpétuer les traditions locales et de ne pas se soumettre à l'ordre religieux. 

Aussi, les peuples européens découvrant la puissance salutaire de la coca créèrent des premiers alcools avec de la coca appelés vins fortifiés (invention française) puis les boissons gazeuses bienfaitrices pour la santé comme le pepsi ou le coca-cola (ne cherchez plus d'où vient le nom). 
C'est finalement les pays diabolisant la coca qui en on extrait chimiquement les substances, les amplifières et sous l'accord des états le vendaient comme produit tonifiant et bénéfique à la santé. Jusqu’à ce qu'on s’aperçoivent que les dosages trop forts étaient néfastes, la cigarette avant l'heure...

Nous découvrons ce petit musée et je note quelles citations sur mon carnet:
"La Coca es el simbolo de la Identidad Andina. Es por esto que el hispano no accullia pues le significaria aceptar la religion y vision indigena, a la cual no entiende y repudia" 

Sdenka Silva 1989.


"Los Incas situan a la MamaCoca como origen de su pueblo. Sinchi Roca, Inca original mediante el matrimonio con una mujer llamada MamaCoca conquisto el Cuzco. Asi nacio el Imperio Incaico"
Henman 1992.
Cerveza de coca, Museo de la Coca - La Paz
Assis là, on déguste une bière à base de coca, que je n'apprécie pas vraiment. Mais l'important n'est pas là. Je comprend à présent le rôle séculaire de la coca chez les peuples andins, son histoire, ses légendes, ses bienfaits et ses malheurs d'aujourd'hui. Mais je ne fais plus le lien entre Coca et Cocaine...

Le lendemain nous nous lançons dans une autre aventure! Un bond dans l'histoire et une compréhension et la découverte d'une civilisation incroyable! La civilisation de Tiwanaku, les ancêtres des Incas!
Ruinas de Tiwanaku
C'est une civilisation encore très mal connue que nous découvrons aujourd'hui. Accompagné de Carlos, notre guide, qui vu son âge très avancé ne fait plus que cela par plaisir, nous arrivons sur le site de Tiwanaku. Ce petit papi était un ancien professeur d'Université et qu'il a aider les archéologues durant des dizaines d'années sur les ruines de Tiwanaku! Un brin autoritaire, Carlos mène le pas et semble être respecté de tous. Je l'adore déjà.
Ruinas de Tiwanaku
Il nous raconte que les ruines de Tiwanaku sont d'une grande importance archéologique car c'est cette civilisation qui a influencé les Incas et bien d'autres. Les origines de la civilisation de Tiwanaku sont encore sombres et des certaines hypothèses font remonter cette civilisation à -10 000 ans avec JC.
Quoiqu'il en soit ce n'est que vers -500 avant JC que la civilisation commence à prendre une ampleur et s'étendre au delà des berges du lac Titicaca. C'est vers 900 après JC que Tiwanaku atteignit son apogée, des immenses territoires, allant du Sud du Pérou au Nord du Chili et de l'Argentine. Un système centralisé sur la religion et sa toute puissance.
C'est ainsi que fut conquis de nombreux territoires, non pas par les armes mais la crainte et la magnificence des prêtes de Tiwanaku.

Ruinas de Tiwanaku
Notre arrivée se fait par la pyramide d'Akapana. Difficile à identifier aujourd'hui, la pyramide comptait 7 niveaux évoquant la spiritualité de l'univers. Un édifice impressionnant fait d’énorme blocs de grès et de piliers disposés à intervalles réguliers traversés par un système ingénieux de canalisations permettant de récolter les eaux et de les redistribuer en fontaine ou réserve. Un challenge incroyable même encore pour aujourd'hui.
Templete Semisubterrano - Ruinas de Tiwanaku
Puis nous arrivons dans le petit temple en demi sous-sol. En contre bas du temple de Kalasasaya , on découvre un étrange mausolée de têtes et de monolithes. C'est assez étrange car Carlos notre guide nous dit que les statues représentes des hauts personnage de l'histoire de Tiwanaku, prêtes, rois, divinités. Mais il nous penche sur plusieurs têtes et nous pose la question : "Y para ustedes de donde son estas estatuas?", "Et pour vous d'où viennent ces têtes?".

On y remarque des têtes qui semblent venir de toutes origines, européennes, asiatiques, même une qui ne parait pas venir de la terre...
Il ricane alors en voyant nos visages surpris et imaginatifs. Il nous dit alors : " El mysterio es intacto!"

Cabezas de personajes importantes, Templo de Semisubterrano - Ruinas de Tiwanaku
Je pense que c'est ce qui à aussi fait le charme de la visite, ce vieux papi féru et terre à terre éveille nos sens et notre excitation en nous racontant l'histoire et de légendes sur cette mystérieuse civilisation.
Cabezas de personajes importantes, Templo de Semisubterrano - Ruinas de Tiwanaku
Nous continuons la visite par le temple de Kalasasaya. Un peu déconcertant car rien ne saute aux yeux de cette vaste plate forme surélevée de 3-4 mètres.

Templo de Kalasasaya - Ruinas de Tiwanaku
Il nous faut l’œil aiguisé de notre guide pour nous montrer la symétrie parfaite des murs, roches parfaitement emboitées sans mortier qui ne bougent pas depuis des centaines d'années, et dont les murs s’alignent dans des angles droits parfaits. Et aussi l'orientation des portes qui s'alignent exactement avec les solstices d'hiver et d'été. 

Puerta del Sol - Ruinas de Tiwanaku
Carlos nous explique tous les phénomènes en les dessinant au sol avec son bâton tel un ancien professeur qui passionné transmet son savoir. Il ne partira pas tant que chacun n'a pas retenu la leçon...
Puerta del Sol - Ruinas de Tiwanaku
On passe devant la "Porte du Soleil", considérée comme un repère astronomique mais aussi comme un monument en l'honneur du dieu créateur "Viracocha".  Tenant deux sceptres, c'est le dieu créateur, il possède le savoir entre ses mains et la connaissance du dualisme.
Viracocha est un des seuls dieux qui soient représenté dans une multitude de civilisations précolombiennes d'Amérique Centrale et du Sud.

Viracocha - Wikipedia.es
"Avant Viracocha, le monde était sombre. Viracocha créa le soleil à qui il commanda de se lever derrière une roche noire, l'île du soleil qui émergeait du lac Titicaca. Il créa aussi la lune et les étoiles. Ensuite, Viracocha créa les tribus des Andes, qui sortirent des grottes, des sources au milieu de leur territoire respectif. Il leur attribua à chacune un costume, une langue et des traditions."

Ruinas de Tiwanaku
Perché à 3 800 mètres d'altitude, mon esprit se balance entre le ciel si proche et les légendes de ces pierres et statues. Je ressens une énergie forte de ce site et comprend pourquoi il fut un lieu de culte, qui donna naissance à d'extraordinaires autres civilisation et qui est maintenant classé au Patrimoine Culturel de l'Humanité.
Representacion del dio Viracocha - Ruinas de Tiwanaku
La visite se termine par un éventuel petit passage devant les artisans qui mériteraient bien qu'on leur achète quelque chose...
Mimi estatuas - Ruinas de Tiwanaku


Mini artefactos - Ruinas de Tiwanaku
Des monolithes qui rappellent les "Moais" de l'île de Pâques, des statues aux têtes qui ne paressent pas humaines, des connaissances impressionnantes en astronomie, mathématiques, irrigations et constructions qu'on arrive toujours pas à s'expliquer. Un mystère intacte et un guide qui nous berce dans ces légendes! 
Je pense que ce fut la recette gagnante pour une superbe journée dépaysante et riche en connaissances.
Desde las alturas de La Paz
Du haut des hauteurs de La Paz, d'où nous revenons, nous saluons bien haut ce Carlos et cette ville. La familia esta acqui.

1 commentaire:

  1. c'est bon de reprendre la route ;)
    en attendant la suite...
    El Padre

    RépondreSupprimer