dimanche 9 février 2014

Les Guyanes - Guyane - Partie 3



Yaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhh!!!!
On est en France!!! Merci!!
Ces derniers temps avec BenKa, nous en rêvions! Revenir en France, parler français, manger du fromage, du saucisson, remettre le nez dans tous ces bons produits qui font de nous des chauvins franchouillards!! Pouet Pouet!!
Arrivée chaotique en Guyane - Saint-Laurent du Maroni
Le passage en pirogue fut un peu chaotique depuis le Suriname, les piroguiers nous harcelant pour que nous montions avec eux, une situation connue depuis longtemps mais toujours stressante. Ces personnes n’arrêtent pas de te parler et essayent de prendre tes bagages pour te forcer à les suivre... Faut toujours être calme et détendu dans ces conditions là.

Après une traversée mouvementée à bord d'une pirogue, sous la pluie et les vagues qui finissent dans le bateau, nous sommes heureux de poser pied à terre.
Villecresnes!!! - Saint-Laurent du Maroni
La porte d'entrée de l'ouest guyanais est la ville de Saint-Laurent du Maroni qui porte une lourde histoire. En 1880 la petite ville devient une "commune pénitentiaire spéciale", un statut alors unique en France. La fonction de maire étant assurée par le directeur de l'administration pénitentiaire...
Place du marché - Saint-Laurent du Maroni
Parallèlement à cette implantation coloniale, le bassin du Maroni était quant à lui un espace de refuge pour les "Noirs Marrons" (Neg Marrons), descendants d'esclaves qui fuyaient les plantations au Suriname. Les Amérindiens qui peuplent ces terres depuis - 7 200 an av JC.
Eglise Saint-Laurent - Saint-Laurent du Maroni
Dès 1852, près de 70 000 "transportés, relégués, déportés métropolitains et condamnés coloniaux" sont envoyés dans les bagnes de Guyanne. Le Camp de transportation construit à Saint-Laurent, sera le point de départ vers les camps forestiers autour de Saint-Jean du Maroni ou encore vers les célèbres et terribles îles du Salut.
Camp de la transportation - Saint-Laurent du Maroni
Nous avons visité ce camp qui laisse froid dans le dos. "Un bagnard restera toujours un bagnard, même libre" nous dit notre guide. Cette visite instructive nous a fait beaucoup réfléchir sur les conditions d'enfermement, de labeur, de vie et de mort de ces bagnards condamnés, préférant mourir sous le tranchant de la guillotine que de continuer à vivre. Ce fut une visite troublante.
Camp de la transportation - Saint-Laurent du Maroni
Entre 1852 et 1938, 52 000 sur les 70 000 bagnards mourront entre les différents bagnes de Guyane. Celui de Saint-Laurent était seulement un endroit de passage temporaire, les condamnés débarqués par bateaux, ils étaient ensuite envoyés dans les autres camps et pénitenciers. Mais des conditions de vie atroce, comme la cellule ci-dessous qui acceuillait 80 personnes, enchainés par les pieds à ces grosses barres de fer la nuit venue avec pour seul lit ce mur. Ces prisonniers enfermés 22h sur 24 ne pouvaient pas toucher les côtés des murs recouverts de charbon sinon punition.
Cellule pour 80 personnes, camp de la transportation - Saint-Laurent du Maroni
La vie était dur, très dur et les techniques pour "matter" les forçats encore plus. Je me suis assis sur ce lit, enchainés, une lourde manille au pied, le métal lourd de plus de 2kg commençant à marquer ma peau, ne pouvant plus bouger, mon corps reposant sur cet lit inconfortable en bois et cet "oreiller" fait du même bois dur, enfermé dans cette cellule étroite, sans toucher les murs recouverts de charbon, le lit incliné pour rejeter les fluides vers les pieds. Cette sensation envahissante, ressentir une infime partie de la douleur, des horreurs, des conditions de vie, de tuerie entre prisonniers pour s'emparer de leurs biens (cachés dans la seule partie qui pouvait l'être...), des conditions de travail et du climat. Tout cela marque quand on est un simple touriste de ce nouveau siècle.
Il faudra attendre la fin de la 2eme Guerre Mondiale pour que les bagnes ferment définitivement leurs portes.
Lit et enchainement, camp de la transportation - Saint-Laurent du Maroni
Après cette visite émouvante et ce pan de l'histoire française inconnue jusqu'à date, nous rejoignons notre paisible vie de voyageur et trouvons un endroit "pas cher" pour se loger.
Pas cher en Guyane c'est 15 € pour une nuit en hamac par personne et tout le confort qui va avec. C'est 3 fois plus cher que tous les pays que nous avons fait (Suriname non compris). Le budget en devient vite rongé.
Nuits hammac - Saint-Laurent du Maroni
On arrive finalement bien à dormir quand on est fatigué et qu'on à bien mangé!! Et là c'est le régal, on se fait plaisir sur la nourriture, on retrouve tous ces petits plaisirs qui nous font du bien à l'estomac et à la tête. Une joie immense! On en profite même pour partager la galette des rois!!! Et c'est qui le roi???
Vive la France!!!! Saint-Laurent du Maroni
La tradition est aussi festive ici avec le Carnaval!! Durant près de 2 mois, les locaux fêtent en défilant dans les rues de leurs costumes traditionnels, histoire de leur passé. 2 mois de carnaval! Les lendemains de fête doivent être sympa ici.
Carnaval - Saint-Laurent du Maroni
Depuis Saint-Laurent du Maroni, nous louons une voiture pour rejoindre Cayenne, c'est le moyen le moins cher vu les prix exorbitants des transports (40€ par personne les 3h de bus de Saint-Laurent à Cayenne).
Plages des Hattes
La Guyane est recouverte à 90% par la forêt amazonienne, c'est très plaisant de parcourir cette végétation, riche en patrimoine naturel, près de 1300 essences de bois différents (environ 200 en France), 740 espèces d'oiseaux et 170 espèces mammifères. Les plages ne sont pas en reste et sont magnifiques comme à Plages des Hattes, un paysage merveilleux. Mais attention aux moustiques!
Plages des Hattes
Après ces plages et cet bio diversité exceptionnelle, Nous changeons complètement de sujet. Nous nous rendons au "Centre Spatial Guyanais", juste à côté de Kourou. Le CSG propose des visites gratuites de 3 heures en bus, assisté de 2 guides presque tous les jours, une seule chose à faire est d'appeller la veille pour réserver. C'est génial de pouvoir visiter cet endroit. La volonté ici est de rendre accessible "l'espace" à tout le monde. Merci le CSG.
En plein milieu de la zone de lancement Soyuz, centre spatial Guyanais - Kourou
Être ici est comme un rêve d'enfant, je ne suis pas de la génération des personnes qui ont assisté en direct au premier satellite dans l'espace, ni même aux premiers pas de l'homme sur la lune. Mais accompagné de mon grand-père, nous visitions avec ma sœur le "musée de l'air et de l'espace" au Bourget dans la région parisienne quand nous étions petits et ces rêves que l'Homme avait de voler dans les airs, marcher sur la lune me fascinaient déjà. Être là aujourd'hui devant ces fusées est une chose exceptionnelle pour moi.
Centre spatial Guyanais - Kourou
Ouvert en 1968, le Centre Spatial est depuis le fleuron de la France et de l'Europe en matière de "conquête spatiale". Proche de l'équateur, il est l'endroit idéal pour le lancement des satellites de tous types vers toutes les orbites. Le site s'étend sur plus de 700 km2 dans la mangrove et les forêts, c'est impressionnant de voir autant d'installations de pointe au beau milieu de tout cela.
Salle de contrôle lancement Ariane5 et Vega, centre spatial Guyanais - Kourou
Nous parcourons les 3 sites de lancement, comprenons les processus et chaînes d'assemblages de chaque fusée/satellite. La coordination entre les différentes agences, ESA, CNES et Ariannespace.
Zone de lancement Vega, centre spatial Guyanais - Kourou
A chaque site de lancement, son lanceur, Arianne5, Soyuz et Vega, adaptés aux "charges utiles" (satellites) qu'ils doivent transporter. Et cela coûte cher, 20 à 25 000 $ le kilo! Il faut pas se planter.
Zone de lancement Ariane5, centre spatial Guyanais - Kourou
Zone de lancement Ariane5, centre spatial Guyanais - Kourou
Ariane5, centre spatial Guyanais - Kourou
Nous finissons cette super journée par la visite de Kourou sous la pluie. Et il pleut en masse!
C'est la saison des pluies et nous assistons à des pluies presque tous les jours.
Marathon!!!! Kourou
Mais on fait avec!
Kourou sous la pluie
Nôtre voyage en Guyane se termine par Cayenne, la "Capitale" comme les gens l’appelle ici.
Fondée en 1643 sous les ordres de Louis XIII (1 année après Montréal), Cayenne est le chef-lieu du département de la région "d'outre mer" Guyane. On retrouve ces petits plaisirs chocolatés!
Cacolac!!! Cayenne
Il pleut beaucoup ici, c'est un peu normal, c'est la saison des pluies, mais cela donne pas trop envie de sortir dehors, les rares moments où le soleil revient, il fait lourd et humide. Mais la ville est superbe, surtout les anses qui longe cette "petite île", les roches érodées par la mer se jette dans cette eau terreuse, les arbres rabattus dans les terres par les vents qui soufflent tout le temps.
Anse - Cayenne
Ces paysages sont magnifiques et propres, c'est très agréable de s'assoir et de simplement contempler cette vue qui change de couleur, de luminosité, d'aspect à chaque instant.
Anse - Cayenne
Le fort Cépérou est le premier bâtiment construit pour protéger la ville des Amérindiens et des autres nations hostiles à la présence française. Maintenant il n'en reste grand chose mais le point de vue est impressionnant sur toute la ville.
Vue depuis le fort Cépérou - Cayenne
Petite visite du musée départemental, qui regroupe collection d'insectes, taxidermie d'animaux sauvages, histoire de la région et du bagne.
Musée départemental - Cayenne
Une partie extrêmement interréssente est la petite salle du petit musée, consacrée au bagne. On y voit beaucoup d'objet, de maquette et tableaux peints par le bagnard Francis Lagrange, dit "FLAG", qui à représenté toutes les scènes de la "vie d'un bagnard", depuis son exportation de l'ile de Ré, jusqu'à sa mort. C'est un témoignage frappant de cette vie particulière.
Je vous conseille article bien écrit décrivant sa vie entre artiste et escroc : Lien.
Peinture d'un bagnard, musée départemental - Cayenne
L'affaire Dreyfus n'y échappe pas. Ce célèbre conflit politique et social autour de l'accusation de trahison d'état et dont Émile Zola s'en est emparé dans sa lettre ouverte "J'accuse...!" envoyée au Présidant de la République. Incarcéré sur l'île du Diable, une des îles du Salut, il sera qu'officiellement innocenté en 1906.
Affaire Dreyfus, musée départemental - Cayenne
La Guyane est remplie de surprises et je retrouve un ancien collègue de classe par un "hasard facebookien". Incroyable cette probabilité qu'à 7 000km de la France, nous en voyage en Amérique Latine, lui en mission professionnelle au Centre Spatial Guyanais, on se rencontre.
Supers retrouvailles et supers discussions avec ce bon vieux Camille! La vie est superbe!
Camille et Moi! IRS Power - Cayenne
Nous finissons notre voyage en Guyane et dans les "Guyanes" par le super Carnaval de Cayenne, haut en couleurs, musique, traditions et joie, je vous laisse apprécier les photos et on se retrouve au Brésil...
Carnaval de Cayenne
Carnaval de Cayenne
Carnaval de Cayenne
Carnaval de Cayenne

Carnaval de Cayenne