vendredi 8 mai 2015

Bolivie - Potosi, l'enfer de la mine et Sucre la ville blanche

Bolivie, on continue!!!
Après avoir découvert le merveilleux désert de sel d'Uyuni, nous sommes partis, BenKa, notre nouvelle amie Julia et moi vers Potosi. 

Elle est la ville la plus haute du monde! .Accrochez-vous car Potosi est à 4 100m d'altitude, hauteur d'où sautent les parachutistes et près de 170 000 personnes y vivent!

Et c'est la particularité de toute la Bolivie. Le pays est traversé par la cordillère des Andes dans une de ses parties les plus hautes. Les paysages sont montagneux et vallonnés comme dans l'Altiplano mais toujours très haut. Et on y retrouve toujours un climat subtropical, chaud et humide, avec des conditions climatiques qui varient beaucoup en fonction de l'altitude.

Julia en el Koala Den - Potosi
La Bolivie possède une des populations les plus diversifiée d'Amérique du Sud avec des ethnies comme des Amérindiens, des Métis, des Européens, des Asiatiques et des Africains.  La Bolivie est riche d'ethnies mais aussi de langues et dialectes. La nouvelle constitution bolivienne de 2009 présidé par Evo Morales, premier président se reconnaissant d'origine amérindienne y reconnaît 37 langues officielles dont les principales sont l'Aymara et Quechua. Et oui c'est une langue et une culture le Quechua...
El Presidente Evo Morales, Casa de la Libertad - Sucre

La Bolivie est un pays avec un très fort indice de pauvreté. Ses principales activités économiques sont l'agriculture, l'exploitation des forêts, les textiles, les produits fossiles comme le pétrole, le gaz ou les métaux tels que l'argent ou le lithium.

A Uyuni nous avions vu le désert de sel et ses réserves phénoménales de lithium, aujourd'hui c'est la mine d'argent de Potosi que nous visitons! Une expérience très marquante pour moi!

La ville de Potosi fut fondée en 1545 par les espagnols pour exploiter la mine proche, le "Cerro Rico". Mais la "riche montagne" était connue bien avant les conquistadors. Les Incas et leurs ancêtres l'exploitaient déjà.


Listo para una experienca particular - Potosi
Équipés d'une tenue qui pourrait être similaire à des mineurs, avec nos bottes en caoutchouc, nos vêtements et notre casque avec lampe frontale, nous nous sommes rendus dans l'une des seules mines au monde en activité que l'on peut visiter. Une expérience très très marquante...
Empressa de plata - Potosi
La visite d'environ 5h commence dans une usine de raffinement d'argent. Grâce à différents filtrages des pierres, broyages, bains et séparations, on obtient ici de l'argent.

Mais vraiment en faible quantité. Les 15 000 mineurs extraient 5 000 tonnes de pierres par jour de la mine mais seulement moins de 1%  est de l'argent. Ce qui fera en moyenne 0.22 grammes d'argent par mineur...

Des cabres, des tuyaux, des sangles passent partout, le bruit des moteurs, des engrenages, bains qui bouillonnent, pales qui séparent les alliages, eaux qui coulent, tout n'est que bruit et lourdes poussières. On a du mal a comprendre comment tout cela marche ensemble.

Ce n'est qu'ensuite que nous sortons de la ville pour se rendre sur ce fameux "Cerro Rico".
De loin il parait n'être qu'une simple haute montagne, la même parmi tant d'autres autour. Mais plus on se rapproche plus on distingue des rampes d'accés, des routes, des gros engins de chantier, des trous partout, des entrées de mines, des wagons et des mineurs. Des sensations très étranges se produisent en moi.

En frente del Cerro Rico - Potosi
La montagne est rabotée, comme un vulgaire tas de terre, elle est percé dans le vif, tranchée de toutes parts depuis des siècles.
La "montagne riche" est découpée, parcellisée en syndicats de miniers, nivelée pour permettre l'accès aux camions le plus près des entrées de mines. On compte 180 mines pour un réseau de galeries de plus de 500km...

Potosi desde el Cerro Rico
Des rails sortent de ces entrées et dans un fracas monstrueux et strident jaillissent toutes les 2-3 minutes des wagons chargés de plus de 2 tonnes de pierres! Ces hommes paraissent morts de soif, ils en veulent, ils chargent des pierres, les poussent sans relâche dans des wagons, les déchargent et nous regardent avec un demi sourire sans ralentir leur rythme effreiné. 
Entrada de una de las minas del Cerro Rico - Potosi
Ils sont payés au poids alors ils entrent et sortent sans cesse de cette entrée sombre. Transpirant, le visage noir, tout le corps recouvert de poussière, ils déchargent leur précieuses roches pour de nouveau retourner dans cette bouche qui parait être l'enfer!
mineros trabajando, Cerro Rico - Potosi
Nous entrons dans la mine, sous l'ordre stricte de notre guide, il est responsable de la sécurité de notre groupe de 8 personnes, sécurité qui parait bien faible ici. 
Un wagon sort, il jette un coup d'oeil pour voir si un autre arrive. Non. Il nous ordonne de s'engouffrer dans la mine et de coller la paroi le plus possible. 
C'est un climat de tension et de stress qui arrive en moi. Il fait noir, très chaud et humide, c'est poussiéreux et il faut marcher courir en se baissant un peu pour ne pas taper sur les roches du plafond. Pauvre BenKa qui doit  vraiment s'accroupir par moment vu sa taille.
Un wagon arrive, le guide nous donne le signal de se mettre sur le côté le plus vite possible.

mineros trabajando, Cerro Rico - Potosi
Les wagons lancés et chargés à bloc de pierres sont inarrêtables! On se colle tous à la paroi qui parait tellement proche des rails. Je suis pas rassuré à l'approche de ce boulet de canon. Je me colle de tout mon corps à la paroi et protège tous mes extrémités! 

Le wagon fuse dans un bruit strident, entrechoquement de ferrailles. Il passe et laisse un énorme souffle d'air qui apte mes amples vêtements. Je n'ai pas le temps de réaliser que notre guide nous ordonne de nous lever et de continuer rapidement notre progression. Il n'est pas rassuré lui aussi et sait au combien ce passage est délicat pour lui et son groupe inexpérimenté. 


Il ouvre une porte en ferraille sur la gauche, nous nous y réfugions pour plus de calme. Enfin on quitte les rails et les wagons fous! Nous avons même pas fait 200 m dans la mine et il reste 2h de visite...
Al tamaño de un hombre, nada mas, mina del Cerro Rico - Potosi
Les wagons passés, nous avançons dans une un passage qui se réduit de plus en plus. Jusqu'à ne plus pouvoir tenir debout. Les frayeurs des wagons sont bien loin et c'est maintenant les parois qui oppressent. Je suis pas à mon meilleur, j'ai du mal à respirer sous le bandeau qui couvre le nez pour éviter de prendre trop de particules de poussière.

Capilla de Jesus , Cerro Rico - Potosi
Assis dans un petit retranchement , notre guide ancien mineur, nous expliquent la tâche de chacun dans la mine, leur espérance de vie, la dureté du travail, les légendes et dieux de la mine. 
Comme le bon dieu "Jesus" et le malin "El Tio". "L'oncle" est un demi dieux, démoniaque il prend dans des effondrements et des explosions les mineurs qui ne le vénèrent pas assez d'offrandes. Il est protecteur et destructeur des mineurs .
Capilla del semi dio (demonio) El Tio, Cerro Rico - Potosi
On poursuit en s’enfonçant de plus en plus dans la mine. les chemins se séparent dans des galeries multiples qui ne paressent pas avoir de fin. On rencontre Don Téo, 45 ans, qui parait 70. Il est ridé et parait vieux.

Don Téo nous explique son métier, la concession qu'il possède seul depuis que son frère est mort il y a deux ans à 50 ans de la silicose, la maladie professionnelles des mineurs.
Notre guide saluant nous raconte l'histoire de la mine, les légendes, mais aussi la réalité au quotidien. Lui ancien mineur met un point d'honneur pour expliquer la dureté et l'espérance de vie des mineurs.
De 30 à 35 ans, c'est l'espérance de vie dans les mines. La raison sont la dureté, les conditions pénibles et surtout les poussières inhalées qui détruisent les poumons : la silicose.

Les mineurs entrent dans les mines entre 15 et 20 ans et pour y ressortir mort à 45-55 ans. Ceci est la mine nous explique notre guide.


Al tamaño de un hombre, nada mas, mina del Cerro Rico - Potosi
 Un discours déstabilisant! C'est incroyable comment ces gens s'acharnent nuits et jours dans des conditions très très difficiles et extrêmes pour arracher à la montagne quelques grammes d'argent et d'autres métaux qu'ils vendront à très bas prix. Ce n'est pas une passion pour Don Téo mais bien la dernière solution pour trouver un travail et tenter de subvenir aux besoins de sa famille...

Il est de coutume d'offrir un peu de soda à ces gens là où de la dynamite pour les aider physiquement et financièrement. Oui la dynamite s'achète en vente libre en Bolivie.
BenKa lui offre ce petit sac, tnt, glycerine et mèche avec un sourire digne et saluant sa bravoure.

Mucho estresso, mina del Cerro Rico - Potosi
On continu notre progression pour arriver à la fin de ce boyau par une série de toutes petites poches où seul la largeur du corps peut passer et il faut plonger la tête la première. 
Voyant la petitesse du passage, seul BenKa téméraire et moi quelques minutes plus tard, me concentrant pour pas paniquer y entrons. 

Je suis vraiment pas bien et la sensation de claustrophobie s'empare de moi de plus en plus. BenKa est déjà passé à la deuxième ou troisième poche alors que moi j'entre à peine dans la première. Je suis vraiment pas bien et je commence à paniquer. Coincé dans cette petite poche qui pourrait seulement contenir une personne de plus que moi, je suis en face de mes peurs les plus viscérales et je tente de les affronter!

BenKa me rejoint et je décide de remonter dans le boyau plus haut, mais j'arrive pas à passer car aucun appui pour mes pieds et mes épaules sont coincées. Il me faut l'aide de BenKa pour sortir de cet étroit passage. Je respire...


Una visita emotiva, Cerro Rico - Potosi
On ressort finalement de la mine sous la même panique qu'à l'aller. Épuises, déboussolés et pas avec la même impression sur les mineurs, leur travail et conditions qu'en y rentrant.
Une expérience très marquante, même encore quand j'écris ces lignes 6 mois après...
Cette journée fut marquante pour moi et BenKa...

Plaza Quijarro-Bolivar - Potosi
A Potosi, sous la période coloniale espagnole, le malheur des mineurs faisaient le bonheur des autres. Des couronnés et bourgeois espagnols qui se sont très très vite enrichies, créant une quantité impressionnante d'églises et d'institutions comme la fameuse "Casa de la Moneda". 

La "Bruja" y la Casa de la Moneda - Potosi
 La Casa de la Moneda est l'édifice où était travaillé les métaux comme l'agent et l'or pour la fabrication des pièces de monnaies où décorations et couverts. 
Un terrible métier était de chaufer et fondre les métaux. L'éprouvant travail à de très très hautes températures, 962 degrés pour l'argent et 1 064 pour l'or, était assuré par des esclaves, le plus souvent venus d'Afrique.

En quelques temps, la ville devint la plus peuplée d'Amérique derrière Mexico, avec 200 000 habitants au moins. Mais surtout plus riche que toutes les autres villes de Nouvelle Espagne.
Iglesia de San Lorenzo - Potosi
Des rues piétonnes pavées, les maisons coloniales aux couleurs vives, les balcons en bois, des magnifiques églises et cathédrales on vite vu le jour, donnant un aspect très riche et contrasté avec l'enfer des mines et mes forges.
Calle Ayacucho y Convento de Santa Teresa - Potosi
Un célèbre dicton dit :"On dit que la quantité d'argent extraite des mines de Potosi suffirait à construire un pont au-dessus de l'Atlantique pour relier Potosì à la péninsule Ibérique, mais les ossements de mineurs morts dans des accidents y suffiraient également."
  Vista sobre el Cerro Rico - Potosi
Après 1800, l'argent se fait de plus en plus rare et le déclin économique de la ville commence.
Aujourd'hui il est de plus en plus rare de trouver de l'argent et les conditions de travail en deviennent de plus en plus difficile car la ville n'a pas d'autre économie pour se rabattre.

Campana de la Iglesia de San Lorenzo - Potosi
Le tourisme pourrait être une alternative au déclin de la mine et des solutions de reconversion sont testées. Comme notre guide-ancien mineur qui nous a fait visiter la mine.

Mercado - Potosi
Quittant Potosi avec une étrange impression, nous nous sommes dirigés vers Sucre un peu plus au Nord-Est. La ville partage avec La Paz, la capitale du pays. 

Sucre est la capitale constitutionnelle de Bolivie, elle abrite le pouvoir judiciaire alors que La Paz est la capitale administrative, elle héberge donc les pouvoirs exécutifs et législatif.

Lors de la déclaration d'Indépendance en 1825 elle était le seule capitale du pays, mais elle perdit de ses pouvoir au profit de La Paz, plus forte économiquement.
Palacio Gobierno - Sucre
 Fondée en 1538 sous le nom de "Charcas" en référence aux peuples qui vivaient dans la région. Elle fut mainte fois rebaptisée pour prendre son nom définitif de Sucre en 1825. Hommage au maréchal Antonio José de Sucre, camarade d'armes du libérateur Simón Bolívar. 

Los Heroes, Casa de la Libertad - Sucre
La ville classé au Patrimoine de l'Humanité est merveilleuse avec tous ces édifices de style baroques et autres de couleurs blanche. Ici on retrouve beaucoup de touristes qui sont attirés par l'architecture, la couleur blanche qui est présente sur tous les bâtiments du centre-ville et un climat favorable.

Plaza 25 de Mayo y Catedral Metropolitana - Sucre
De part la présence de la Cour Suprême, la ville est très active aux niveaux notaires, cabinets d'avocats et des universités. Ce qui rend cette ville active et jeune.
Plaza Pedro de Anzúrez, la Recoleta - Sucre
Et d'ailleurs c'est ici, à Sucre que nous avons rencontré pleins de voyageurs, beaucoup plus qu'ailleurs en Bolivie. Cette ville est festive, culturelle, peu cher comme le reste de la Bolivie pour les voyageurs et ses activités y sont nombreuses.
Cal Orcko - Sucre
Comme ici le "Cal Orcko", un site archéologique spectaculaire!
Cal Orcko - Sucre
Ce site fut découvert dans les années 90 lorsqu'une compagnie de ciment récupérant de l'argile tomba sur des traces entre 2 couches de mineraux. Aujourd'hui le site mit à nu est le plus grand du monde. Il représente 5 055 empreintes de dinosaures pour 300 espèces différentes!
Muro de huellas, Cal Orcko - Sucre
Ce mur en face de nous remonte à la fin de la période Crétacique, il y a 68 millions d'années. Le lac ou marais de l'époque par les phénomènes de forces terrestres s'est retrouvé au sommet d'une montagne à presque 3 000m de haut pour le plus grand bonheur de nos yeux.
Huellas de Saurópodo, Cal Orcko - Sucre
C'est en face de nous un mur impressionnant que nous avons, 120 mètres de haut pour 1 500 de large. Et pour notre plus grande chance, ce n'est que depuis 3 mois que nous pouvons approcher le mur. Avant il fallait se tenir sur un mirador à plus de 200 mètres de là.
Équipés d'un casque nous découvrons le site avec un guide. Une merveille!!!

Muro de huellas, Cal Orcko - Sucre
Des mastodontes comme les Théropodes, les T-Rex sud américaines, les Titanosaures de plus de 25 mètres de haut, 40 de large et un poids largement supérieur à 50 tonnes!! Des crocodiles et tortues préhistoriques ou même l'Ankylosaure, un quadrupède qu'on pensait inexistant en Amérique du Sud.

Incroyable de penser qu'il y a 68 millions d'années des dinosaures étaient là, juste en face de nous ils courraient, mangeaient, marchaient!
La Team, Cal Orcko - Sucre
Un retour incroyable dans l'histoire Préhistorique et des dinosaures.
Regresso en el Prehistorico, Cal Orcko - Sucre
On a passé du bon temps ici, un peu de repos, un peu de découverte, un peu de culture et surtout beaucoup d'amis. Je crois que c'est ce qui marquera notre passage à Sucre. Comme ce coucher de soleil sur les hauteurs du quartier de la Recoleta avec nos nouveaux amis.
Atardecer en el mirador de la Recoleta - Sucre
Un verre à la main, une guitare et un magnifique coucher de soleil. Quoi de mieux que de se prendre au jeu des ombres et des couleurs...
Atardecer en el mirador de la Recoleta - Sucre

Atardecer en el mirador de la Recoleta - Sucre

Atardecer en el mirador de la Recoleta - Sucre
Las Amigas - Sucre

Pulseras argentinas - Sucre
Calme, reposé , j'ai aimé la ville de Sucre. Notre séjour n'a pas durer longtemps, seulement quelques jours, il fut court et fort, fort en personnes merveilleuses! Des amis de route que nous reverrions bientôt.
Una FAMILIA!!!- Sucre

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