Peut-être par que j'adore Santiago!
J'adore les villes qui malgré leur grandeur laisse la place aux sports et surtout quand l'artère principale qui traverse toute la ville normalement réservée à la circulation automobile devient le terrain de jeux des sportifs. Une 3 voies ouverte à moi tout seul pour courir le dimanche matin! Oh Yeah!
Un régal de pouvoir courir avec tous les sportifs au beau milieu de ce grand axe et de découvrir Santiago d'une façon que j'adore! Hey oui, je fais des marathons pour visiter les villes, vous croyez que c'était pour le challenge? ;-)
Les rues aux sportifs!!! |
La première chose qui impressionne quand on arrive dans la ville sont les énormes montagnes qui dominent le panorama tout autour. La sublime Cordillère des Andes à l'Ouest et la Cordillère de la Costa à l'Est imposent par leur proximité et leur grandeur. Le paysage est sublime malgré les nuages de pollution qui s'accumulent dans cette "plaine". Un peu le même effet qu'à Mexico City.
Vue sur la Cordillère de Andes |
J'étais venu ici pour découvrir l'endroit où était arrivé pour la 1er fois en Amérique mon grand-père et j'ai découvert beaucoup plus. Une Histoire chilienne déconcertante, une dictature éprouvante et violente et deux noms allaient rester dans ma mémoire : "Allende et Pinochet".
Cette journée à la recherche de mes racines allait transformé ma visite et la façon dont j'allais voir et concevoir Santiago.
Devant l'ancien hôtel Carrera |
Chef pâtissier à l'hôtel Carrera, il travailla 5 ans dans cet hôtel de luxe en face du palais présidentiel. Et c'est là que mon destin fut scellé car c'est dans cet hôtel qu'il rencontra ma grand-mère chilienne et qu'une nouvelle famille vu le jour.
Reconverti depuis 2004 par le gouvernement du Chili en Ministère des relations extérieures ( quoi de mieux comme reconversion ), le Carerra aura vu passé tout le gratin international, des sublimes réception et l'horreur de son histoire.
Je vous invite à voir cette vidéo sur l'histoire de l'hôtel et une transition toute faite sur la dictature de Pinochet.
Une période noire de l'Histoire chilienne que j'allais découvrir et qui me faisait déjà froid dans le dos... Vidéo 1
"Tengo fe en Chile y su destino", Salvador Allende |
C'est dans ce climat instable qu'en 1970, Salvador Allende devient le premier président élu démocratiquement sur un programme socialiste. Il enclenche alors un fort virage politique . Il intensifie les réformes de ses prédécesseurs dans la nationalisation des ressources du pays sans indemniser les compagnies, le plus souvent américaines, accentue sensiblement la politique de redistribution des terres en faveur des paysans pauvres, mets en place des mesures sociales comme l'augmentation des salaires et réquisitionne beaucoup d'entreprises pour leur nationalisation dont 9 des 10 banques chiliennes.
Les progrès de la première année sont encouragement mais trompeurs au vu des 2eme et 3eme années. Des manifestations commencent à émmerger dans tout le pays et le budget de 1973 est passé en force par Allende car non voté par le Parlement. S'ensuit une série de manifestations, révoltes et créations de groupe para-militaire d'extrême droite. Le pays vit alors un début de guerre civile où s'oppose les milices d'extrême gauche à celle d'extrême droite.
Durant l'été 1973 de multiples grèves et des insurrections menacent la stabilité du pays, Allende résiste et paraphrasant John F. Kennedy, déclara que « ceux qui s'opposent à une révolution pacifique rendent celle-ci inévitablement violente ». Mais il se doit à la fin août 1973 de nommé le Général Pinochet à la tête des armées à la suite de la démission d'un des ses généraux , se ralliant aux nombreuses manifestations contre le gouvernement.
Casa Moneda, Palacio del Gobierno |
Salon Salvador Allende, Casa Moneda |
Dissolution du congrès, syndicats et partis, élimination physique des opposants de la dictature avec "l'Opération Condor", liberté de la presse abolie, couvre-feu instauré, littérature de gauche interdite, milliers de livres brûlés, opposants arrêtés, torturés, déportés ou exécutés, une économie qui s'endette fortement pour croître les premières années et lourdement chuté ensuite. Tout ceci sous le coup d'une répression omniprésente et des manifestations réprimées dans le sang. Vidéo 3
Casa Moneda |
Il reste quand même proche du pouvoir en se proclamant, chef des armées dans un premier temps puis sénateur à vie ensuite.
Encore aujourd'hui, il est sensible de parler des années Pinochet et son arrestation en 1998 à Londres a ravivé les tensions entre les partis politiques et les démons du passé ont ressurgit dans le pays à ce moment. Vidéo 4
Le Général Augusto Pinochet mourra en 2006 sans finalement jamais avoir été jugé pour ses actes. En outre la Cour Suprême de Justice Chilienne déclarera les recours déposés par les familles des milliers de victimes "irrecevables" et cèlera son sort en 2005 de son vivant. Pinochet mourra donc libre le 10 décembre 2006 à l'hôpital militaire de Santiago...
Casa Moneda |
Depuis 2010, le musée de la mémoire et des droits de l'homme témoigne de cette dictature et des 28 000 cas de torture recensés. Un édifice immense fait de béton et de verre qui couvre sur les 3 étages toute l'Histoire de cette époque. Une visite émouvante pour moi et marquée par les larmes pour certains visiteurs à la vue de photo de disparus, lettres de détenus, objets intimes,...
Qu'aurait été mon histoire si mon grand-père était pas revenu en France en 1965, j'ai du mal à m'imaginer cela et voyant tout ce qui m'entoure...
Museo Prehispanico |
Museo Prehispanico |
Mercado Central |
Jeux d’échecs dans la rue |
Art dans la rue |
Arte en la calle |
Centre historique |
Cerro Santa-Lucia |
Cerro Santa-Lucia |
Cerro Santa-Lucia |
En route pour le Cerro San Cristobal |
Cerro San Cristobal |
Vue depuis le Cerro San Cristobal |
Je venais de boucler la boucle! J'étais arrivé à l'endroit où 65 ans avant il avait débarqué la première fois sur ce continent. Immergé par la puissance et la beauté du paysage, je fondais en larmes me disant que j'avais enfin accompli ce que je rêvais depuis tout petit! Venir au Chili, découvrir ces terres et renouer avec l'histoire de ma famille.
J'en avais rêvé depuis tout petit, travaillé sur ce voyage depuis 7 ans, tenté ma chance avec ma copine au péril de la perdre en faisant cette année, partir dans ce voyage dans le doute et la peur de pas être capable d'y arriver. Et cette journée là, je me retrouvé au sommet de cette ville, la contemplant et avec la plus grande admiration, car c'est elle qui avait fait rêver mon grand-père et qui m'avait fait rêver aussi.
BenKa est venu me retrouver et je l'ai serré fort dans mes bras en lui disant simplement : "Merci d'avoir était là, c'est aussi grâce à toi que je suis là aujourd'hui et que je peux réaliser ce rêve, Merci mon pote!"...
Vue depuis le Cerro San Cristobal |
Mais aussi pour d'autres, nouvelles et propres à ce voyage, j'ai nommé les vignobles, les "terremotos", les amis et leur joie de vivre et la singulière façon des chiliens de faire la fête tout le temps mais vraiment tout le temps!
Voilà ce que cela donne en images :
Visite Vignoble Concha y Toro |
Vignoble Concha y Toro |
Vignoble Concha y Toro |
Vignoble Concha y Toro |
Vignoble Concha y Toro |
Vignoble Concha y Toro |
Casiro del Diablo, Vignoble Concha y Toro |
La joie!! Vignoble Concha y Toro |
Terremotos!!!! |
Noche de Terremotos!! |
Noche de Terremotos!! |
Choripanada al hostel |
Choripanada al hostel |
Noche de fiestas!! |
Chi Chi Chi Le Le Le, Viva Chile!! ;-)
A présent, il était temps de quitter le Chili et passer en Argentine pour continuer notre périple. Ce jour-là, nous partions enfin en bus pour traverser la cordillères des Andes après 3 jours d'attente. Cela monte à 3 800m et le passage est constamment bloqué en hiver par les neiges et les glaces qui le recouvre. C'était avec incertitude que nous regardions la météo tous les matins en espérant pouvoir partir...
En route pour Mendoza |
Plus le bus montait à travers la montagne, plus il me paraissait clair qu'une ligne de chemin de fer avec ses nombreux tunnels avait du être utilisé pour franchir cette montagne par le passé. Je me prenais à rêver que c'était là, là que ma mère avait franchi la Cordillère des Andes pour la première et dernière fois lors de ce voyage vers la France qui lui faisait quitter à jamais le Chili, 50 ans auparavant.
Elle me racontait :
"Tout d'abord, il y a un mot que j'ai appris c'était DEFINITEVEMENT. J'ai entendu mon père le dire à son entourage quand on lui demandait pour combien de temps nous partions du Chili. Je répétais, en prenant soin de bien séparer les syballes, à tout le monde qui me posait la question du départ : je pars dé-fi-ni-ti-ve-ment! qu'est-ce ce mot me paraissait long, comme notre voyage d'ailleurs, qui me paraissait au bout du monde.
La France, l'Europe nous en rêvions . Mon père nous racontait qu'en France il y avait tout, même des cimetières pour chiens!
A cette époque, c'est à dire en 1965, il y avait bien sûr des avions qui faisaient la liaison Santiago-Paris, mais mon père a préféré qu'on parte en bateau, à fin de voyager avec tous nos bagages, à coté de nous. C'est ainsi que nous sommes partis, avec... 9 malles, 19 valises et quelques autres petits bagages !! Toute notre vie du Chili, et surtout celle de ma mère....
Ascension de la Cordillère des Andes |
Nous sommes partis juste après mon anniversaire de mes 9 ans. Nous avons pris le train à Vina del Mar... Je garde l'image de mouchoirs qui s'agitaient et qui s'éloignaient à fur et à mesure que le train prenait de la vitesse...
Nous avons traversé les Andes en train à crémaillère, monté à près de 4000 mètres, passé par la station de ski, Portillo,... puis nous sommes redescendu en Argentine, traversé la pampa, où la chaleur était suffocante..."
Passage de Los Libertarores, Cordillère des Andes |
Passage de Los Libertarores, Cordillère des Andes |
Passage de Los Libertarores, Cordillère des Andes |
De l'autre côté, l'Argentine et des paysages complètements différents nous attendaient.
J'avais fini mes recherches, fier de moi et fier du nouveau lien familiale que je venais de créer.
Retrouver l'histoire de mes racines m'avait non seulement aidé dans la compréhension de mon passé, de mes origines, mais elle avait aussi permis à la famille de sublimer ce lien entre nous tous.
Comme si je n'étais pas parti seul, j'informais ma mère de mes découvertes et aventures, qui à son tour informait son père, sa sœur, son frère et tout le reste de la famille. Je n'étais pas seul dans cette aventure et les souvenirs remontaient aussi du côté de ma famille pour m'être parvenues au Chili.
Le Chili revivait en nous tous et bientôt allait arriver ue colis de journaux, trucs, partitions de musique, bidules que j'avais récolté tout au long de mon voyage au Chili. Un simple retour des choses pour montrer ma reconnaissance à toute ma famille et leur dire combien j'étais fier de mes origines que je connaissais à présent...
...
Références:
Vidéo 1 : "Documental Hotel Carrera completo"
Vidéo 2 : "Mes dernières paroles - Salvador Allende, le 11 Septembre 1973"
Vidéos 3 : "Le chili sous la dictature de Pinochet"
Vidéo 4 : "Rétrospective sur le Coup d'Etat du général PINOCHET - Archive vidéo INA"
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